C’était hier à Gitega. La coalition RANAC a présenté l’ancien président Domitien NDAYIZEYE comme son candidat à l’élection présidentielle. Aucune surprise car cette candidature était attendue depuis que Jean Minani et Agathon Rwasa ont été écartés de cette coalition. Et aux nombreux militants réunis au stade de Gitega,
Ndayizeye a promis des changements: lutte contre les malversations et la corruption, une gestion transparente des deniers publics et la moralisation des institutions à commencer par l’armée et la police. Il s’est insurgé contre certains généraux de l’armée qui sont présentés comme appartenant à des partis politiques et leur a demandé de se désolidariser desdits partis pour servir plutôt la population. Et de declarer: » le changement est en marche. Si vous travaillez pour un parti, vous aller perdre avec ce parti. Mais si vous êtes neutres et au service du peuple, vous serez toujours admirés et respectés ». Un clin d’oeil ou une campagne de séduction envers l’armée? D’aucuns se demandent plutôt pour quel parti il roule quand on sait qu’il n’est plus en bons termes avec Jean Minani. Aurait-il acheté l’ADR d’Alice Nzomukunda?
A Bujumbura ce lundi, la coalition COPA a tenu une conférence de presse pour annoncer son candidat et son programme. Sans surprise, c’est Jean de Dieu Mutabazi, président du RADEBU qui a été choisi. Ancien parlementaire et ministre du Frodebu, il a créé son propre parti par rejet de la rivalité Minani-Ndayizeye-Ngendakumana. On le dit proche du CNDD-FDD. Il a déclaré que sa coalition souhaite une compétition inclusive et que même Nkurunziza est un adversaire qui ne fait pas peur! La coalition COPA souhaite la révision de la constitution pour créer le poste de Premier ministre au lieu des deux vices-présidences qu’elle juge budgétivores. La coalition COPA estime que les Ganwas constituent une ethnie qui a été étouffée par les régimes Himas. D’autres points intéressants du programme ont été dévoilés à la presse. Il se murmure que le candidat de COPA pourrait changer le fusil d’épaule à l’annonce de la candidature de Nkurunziza. N’est-Il pas opposé farouchement aux manifestations contre un nouveau mandat de Nkurunziza?
Jacques Bigirimana. Pendant que la COPA présentait son programme, Jacques Bigirimana du FNL se plaignait du traitement que la CENI aurait réservé à ses dossiers de candidatures. Il a accusé la CENI de faire la politique de deux poids deux mesures envers son Parti car il estime que le FNL aurait pu présenter des dossiers dans toutes les communes du pays. Or, il se raconte que Jacques Bigirimana a été roulé dans la farine par les personnes à qui il a remis de l’argent pour payer les frais de bordereau et qui ont bouffé l’argent sans état d’âme. Quand il a présenté les dossiers, les bordereaux manquaient!
En droit, nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude! Mais la CENI aurait compris les déboires de cet ancien bras droit de Rwasa et serait en train de traiter la question politiquement. La sortie mediatique de Bigirimana viserait à accélérer le traitement des requêtes et d’empêcher le chantage du retrait de ce parti de la compétition. Du côté de la coalition de Rwasa-Nditije, on s’en moque et il se murmure que Jacques Bigirimana aurait peur d’essuyer une défaite cuisante! Il est le leader de l’opposition avec un statut honorable car en 2010, Rwasa avait fait un score remarquable aux communales. En 2015, les militants FNL seraient majoritairement derrière Rwasa même si son alliance avec les caciques de l’UPRONA n’est pas vue d’un bon oeil!
Devant cette multiplication des candidatures à la présidentielle, il faut noter qu’Alexis Sinduhije pourrait annoncer sa candidature. Ce serait du bluff car il vient de passer plus d’une année en dehors du pays, donc irrecevable. On parle aussi de la candidature de Jean Minani ou de Léonce Ngendakumana. D’autres tablent sur une candidature de Rwasa comme unique candidat de l’opposition radicale. Et pourtant, nous sommes loin de nous attendre à une même union sacrée que celle qui a permis de chasser Abdoulaye Wade au Sénégal. Ceux qui tablent sur le retrait de Nkurunziza devraient revoir leur plan car il sera bel et bien là. Et avec l’emprisonnement des jeunes qui ont été arrêtés lors des mainfestations de vendredi passé, il est à parier que même Rwasa va s’abstenir d’appeler au bras de fer avec les forces de l’ordre. Ce serait une bonne nouvelle pour la démocratie burundaise de voir tous les protagonistes s’en remettre au verdict des urnes. Il y a déjà une prise de conscience du côté de certaines associations virulentes de la société civile et des syndicats.
Cela pourrait être une grande leçon aux autorités du Rwanda qui passent par le HCR pour déposer de la nourriture sur les lieux où passent les réfugiés burundais menacés par les famines à Kirundo et Muyinga! Ils appatent les gens comme du poisson afin de crier au monde que le Burundi va très mal! A en croire le gouverneur de Kirundo, tout est fait pour manipuler les familles au Burundi et les faire passer par des chemins clandestins. Et quand les autorités burundaises s’impliquent, les médias burundais crient au scandale et accusent les Imbonerakure de priver les citoyens du droit de s’exiler!
Le gouverneur de Kirundo a dénoncé par ailleurs l’attitude des autorités rwandaises qui empêchent le retour des réfugiés en disant qu’ils sont sous protection du HCR alors qu’ils n’ont pas encore le statut de réfugiés politiques! D’autres personnes miroitent déjà des plans de réinstallation aux USA ou en Australie! Tout ça pour faire payer le Burundi de sa position sur les cadavres trouvés flottant sur le lac Rweru! Dossier à suivre.
Paul Sorongo