Incendie à la prison de Gitega : le Ministre de la Justice au secours des sinistrés
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Le Ministre de la Justice écoutant les doléances d’un prisonnier aveugle. Après l’incendie qui a ravagé tous leurs biens dans la prison centrale de Gitega, les prisonniers ont reçu de la part du Ministre de la Justice de l’aide en vivres, des casseroles, des couvertures et des tentes. Ce dernier met en garde les magistrats qui emprisonnent sans raison valable.

C’est ce samedi 21 août que le Ministre de la Justice accompagnée par le Procureur général de la République est arrivé à la prison centrale de Gitega.

Après quelques échanges avec les responsables de cette maison carcérale, juste le temps de décharger les véhicules chargés de laide pour ces prisonniers, Madame le Ministre Jeanine Nibizi est entrée dans les enceintes de la prison sous les acclamations des prisonniers.

Après avoir salué ces derniers le Ministre de la Justice a tenu à visiter la plupart des chambres ravagées par l’incendie malgré le mauvais temps et le roussi.

Dans une atmosphère détendue, certains prisonniers ne s’empêchaient pas de clamer leur innocence au moment où d’autres essayaient de s’approcher de cette autorité pour lui soumettre leurs doléances ou glisser un mot.

Pour rappel, le Ministre de la Justice est une habitué du lieu. Madame le Ministre a été d’abord, la directrice de cette même prison avant d’être nommée procureure de la République près la Cour d’Appel de Gitega.

Elle ne s’empêchait de poser des questions ici et là, demandant aux prisonniers pourquoi ils font la cuisine à l’intérieur des chambres, ou le nombre de grammes de haricots et de farine de manioc qu’ils reçoivent pour chaque ration.

Le Ministre de la Justice cachait mal son embarras quand son regard croisait celui des prisonniers très âgés ou démunis. Des prisonniers s’attroupaient autour d’elle malgré le cordon de sécurité des policiers.

Et c’est Madame le Ministre Jeanine Nibizi qui a procédé à la distribution des couvertures, des casseroles, du riz, du haricot, des habits aux sinistrés des compartiments détruits par l’incendie qui s’était déclaré le matin aux environs de 9 heures.

« Ce paquet que vous recevez aujourd’hui, c’est pour vous aider à tenir le coup pour que vous ne soyez pas découragés. Même si vous êtes ici, soyez en sûrs, le pays ne vous a pas oublié, la société a encore de l’espoir en vous », rappelle-t-elle tout en précisant que les plus démunies ont droit aussi à cette aide.

« Ils doivent avoir honte de leur conduite ! »

Sans langue de bois ni détours, le Ministre de la Justice n’a pas ménagé certains magistrats qui selon ses propos ne respectent pas les droits de la personne humaine. Pour cette autorité, les prisons sont surpeuplées à cause de la corruption et la négligence des hommes et femmes de loi.
« Vous faites honte à la Nation ! Vos jours sont comptés et ne croyez pas pouvoir cacher vos agissements pendant longtemps », a-t-elle martelé sous les applaudissements de l’audience.

Pour Madame le Ministre Nibizi, il est temps qu’il y ait changement dans le traitement des dossiers des prévenus. D’après elle, il est inconcevable que quelqu’un qui est censé rendre justice soit la source des injustices subies par des innocents.

« Parfois je me demande si les magistrats savent réellement la souffrance des prisonniers qu’ils envoient ici. Si c’était possible, chaque magistrat devait effectuer au moins un séjour dans une prison peut-être qu’il penserait quatre fois avant de condamner une personne pour une faute qu’elle n’a pas commise », a-t-elle déclaré.

Tout en enjoignant au Procureur général de la République de garder toujours un œil sur ses subordonnés, le Ministre de la Justice a rendu la liberté à un homme d’une trentaine année aveugle de naissance accusé d’avoir égorgé sa mère pour le seul motif qu’un habit de la défunte, maculé de sang, a été trouvé dans sa chambre.

« Je suis ici depuis des mois sans savoir pourquoi. J’ai perdu ma mère qui m’aidait dans tout et le seul réconfort qu’ils m’ont donné, c’est de venir me jeter ici sans même me donner l’occasion de l’accompagner au cimetière », clame l’accusé.

La question qui reste sur toutes les lèvres de beaucoup de gens à Gitega, est de savoir si certains magistrats pointés du doigt sont prêts à changer de comportement après ce message de Madame le Ministre de la Justice.

Par Jean Noël Manirakiza