
80ème Anniversaire de la fin de la seconde Guerre Mondiale : Une occasion pour rappeler le Génocide méconnu perpétré contre les Hutus du Burundi en 1972 [1]
Le 8 mai 2025, la communauté internationale a commémoré le 80ème anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’une des tragédies les plus sanglantes du 20ème siècle. Cette date historique reste un symbole de la défaite du fascisme, mais aussi un rappel des coûts humains du silence, de la haine et de l’indifférence. Dans ce contexte solennel, l’intervention de S.E. Zéphyrin Maniratanga, ambassadeur du Burundi à l’ONU, a résonné avec une poignante actualité. Il y a rappelé, avec fermeté, le génocide de 1972 contre les Hutus du Burundi, un épisode trop souvent ignoré dans les récits historiques mondiaux.
Un rappel nécessaire dans un cadre universel
Alors que les Nations Unies rendaient hommage aux victimes de la Seconde Guerre mondiale, l’ambassadeur burundais a saisi cette tribune pour souligner que l’oubli est une forme de complicité. Il a insisté sur la nécessité de reconnaître toutes les formes de génocide, même celles qui, comme celle de 1972 au Burundi, n’ont jamais reçu l’attention méritée.
1972 : Le génocide contre les Hutus du Burundi
En avril 1972, suite à une probable insurrection prétendument localisée dans le sud du pays, le régime militaire dirigé par Michel Micombero engage une répression d’une ampleur inédite. Les victimes sont principalement des Hutus instruits : enseignants, étudiants, fonctionnaires, officiers, médecins, prêtres, commerçants, etc. En quelques mois, plus de 300 000 Hutus sont tués.
Ce génocide, méthodique et planifié, visait à détruire toute l’élite hutu capable de prétendre à une influence politique. Il a été suivi de spoliations, de déplacements forcés, de classifications ethniques dans les écoles et d’une exclusion systématique de toute opportunité d’émancipation.
Le silence international : une double peine
Contrairement à d’autres tragédies reconnues et mémorisées, le génocide de 1972 contre les Hutus du Burundi a été entouré d’un silence épais. Ni l’ONU, ni les grandes puissances, ni les universités internationales ne l’ont pleinement intégré à leur narratif des atrocités du 20ème siècle. Les survivants ont vécu dans la peur, les familles ont perdu jusqu’au droit de pleurer leurs morts publiquement. Ce silence a contribué à une marginalisation persistante des Hutus dans les sphères politiques, sociales et éducatives du pays.
L’appel de l’ambassadeur Maniratanga : pour une mémoire équitable
En évoquant le génocide des Hutus en 1972 dans un cadre multilatéral prestigieux, l’ambassadeur Zéphyrin Maniratanga a posé un acte de justice mémorielle. Il a appelé la communauté internationale à inscrire cette tragédie dans l’agenda des droits humains, à soutenir les efforts de mémoire nationale et à favoriser une éducation historique intègre dans la région des Grands Lacs.
Un combat pour la dignité historique
Compenser l’oubli ne répare pas tout, mais c’est un point de départ indispensable. L’intervention de l’ambassadeur Maniratanga montre que la diplomatie peut être au service de la vérité. Le 80ème anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale a ainsi servi non seulement à honorer les morts du passé mondial, mais aussi à rappeler ceux que l’histoire officielle a trop longtemps abandonnés dans l’ombre.
Il est temps d’écouter ces voix et d’élargir notre mémoire collective pour qu’elle soit vraiment universelle.
Par Bazikwankana Edmond
[1] Kubwayo Félix, La lente reconnaissance du génocide de 1972 contre les Hutu du Burundi: Les faits et l’exécution du génocide par le pouvoir de Micombero, Bruxelles, 2025.